« Mieux vaut un vote qui pue qu’un vote qui tue ». À Paris et dans les villes de France, des milliers de personnes ont manifesté contre l’extrême droite avant le second tour de la présidentielle du week-end prochain.
Beaucoup ont clairement indiqué qu’en disant « non à l’extrême droite », ils ne soutenaient pas non plus Emmanuel Macron – mais voteraient à contrecœur pour l’actuel président afin d’écarter son rival d’extrême droite.
« Pas un seul vote pour Marine Le Pen ! » scandaient les habitants de Lille, où plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés. Le candidat de gauche déchu Jean-Luc Mélenchon a répété la phrase à plusieurs reprises dans un discours à ses partisans le week-end dernier.
« Nous sommes ici pour dire non à l’extrême droite. (…) pour la société, les libertés mais aussi le climat. Ce serait une véritable régression s’il arrivait au pouvoir », a déclaré Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France. Il était l’un des milliers de personnes qui ont manifesté à Paris.
Une pancarte à Paris rappelait : « 2002 c’était non, 2022 c’est toujours non », une référence au « front républicain » qui a vu des millions de personnes se mobiliser pour réélire Jacques Chirac et écarter l’ancien leader d’extrême droite du « Front national » Jean-Marie Le Pen qui s’était qualifié pour le second tour.
Il y a eu des scènes similaires à Marseille aussi, la ville où Emmanuel Macron a tenu une réunion samedi. « Nous sommes là pour bloquer l’extrême droite », s’est exclamé un lycéen, Medina Bayoui.
A Lyon, où les manifestants étaient pour la plupart des jeunes, Emma, une étudiante de 23 ans, a déclaré qu’elle prenait position « contre la banalisation d’idées dangereuses, contre le racisme, l’exclusion, la dictature potentielle ».
Bruno, un enseignant de 60 ans, est venu de Chambéry à Lyon pour dire « non au nationalisme, au populisme, à la xénophobie ».
Marine Le Pen, qui avait fait campagne plus tôt à Saint-Rémy-sur-Avre, à l’ouest de Paris, avait critiqué les manifestations. « Venir manifester contre les résultats d’une élection », a-t-elle dit, était « profondément antidémocratique … Je pense que les Français trouvent désagréable de voir leur choix contesté dans la rue, à travers des manifestations ».
« Ni Le Pen ni Macron »
Alors que les manifestations étaient toutes contre l’extrême droite, beaucoup de ceux qui se sont rendus aux urnes ont clairement indiqué qu’ils ne soutenaient pas non plus le président sortant.
Sasha Halgand, militante de SOS Racisme, regrette d’être confrontée à « un duel Macron/Le Pen dont les jeunes ne veulent pas », expliquant qu’un vote pour Macron serait tactique. « Si Marine le Pen arrivait au pouvoir, il y aurait des milices fascistes, des lois draconiennes. »
Lucile Muller, 19 ans, étudiante à Paris, s’est opposée aux deux candidats. « Nous avions déjà le même résultat il y a cinq ans mais nous ne connaissions pas Macron. Puis nous avons vu des violences policières, des lois draconiennes (.. .) On aurait préféré un second tour entre Mélenchon et Macron, avec des débats sur l’écologie par exemple ».
A Paris, quelques affrontements ont éclaté entre la police et environ 100 personnes vers la fin de la marche.
Et si à Paris une pancarte rappelait : « 2002 (NDLR : Jean-Marie Le Pen contre Jacques Chirac au second tour) c’était non, 2022 c’est encore non », rappelle une pancarte à Paris.