Émeutes et politique du « zéro crime » : le nombre de prisonniers en France atteint un niveau record

Le taux d’occupation global est actuellement de 122,8 % et s’élève à 146,3 % dans les maisons d’arrêt.

La surpopulation carcérale chronique en France risque de s’aggraver encore alors que le pays a battu un nouveau record historique du nombre de détenus dans leurs prisons: avec 74 513 personnes actuellement derrière les barreaux.

Depuis la fin de 2022, les records se succèdent, presque mois après mois, les derniers chiffres marquant la sixième fois que le pays européen dépasse son précédent record.

Selon les chiffres officiels publiés lundi, il y avait 74 513 détenus dans les prisons, soit 2 446 de plus que l’année dernière.

Il y en a également eu plus de 15 818 de plus qu’à l’été 2020, lorsque la pandémie de Covid a entraîné une chute drastique du nombre de détenus.

La France était progressivement revenue à son niveau d’incarcération d’avant le Covid, mais en avril dernier, le pays a franchi pour la première fois la barre des 73 000 prisonniers. Puis il a atteint un autre record après avoir dépassé 74 000.

Le taux d’occupation global est actuellement de 122,8 % et s’élève à 146,3 % dans les maisons d’arrêt, où les personnes en attente de leur procès sont maintenues en détention et les personnes condamnées à de courtes peines sont incarcérées.

Cette surpopulation signifie que 2 478 détenus doivent dormir sur des matelas à même le sol. Un nombre qui a considérablement augmenté par rapport aux 1 872 au 1er juillet 2022 et aux 422 d’il y a trois ans.

Les émeutes en France augmentent la moyenne

La grande question est de savoir ce qui se cache derrière l’augmentation du nombre de prisonniers.

La France est l’un des pays les moins performants d’Europe et a été sévèrement critiquée en janvier 2020 par la Cour européenne des droits de l’homme pour la surpopulation « structurelle » dans ses prisons. Elle a été condamnée à nouveau le 6 juillet.

Malgré cela, la surpopulation ne montre aucun signe de ralentissement.

Après les émeutes qui ont suivi la mort le 27 juin de Nahel, un adolescent tué par un policier à Nanterre, le gouvernement a appelé à une réponse « ferme », « rapide » et « systématique ».

Plus de 742 personnes ont été condamnées à des peines de prison et « plus de 600 » ont été incarcérées, selon les chiffres publiés par le ministre de la Justice.

L’Observatoire international des prisons (OIP) a indiqué que la surpopulation carcérale pourrait s’aggraver au cours des prochains mois à l’approche des Jeux olympiques, alors que les autorités se sont fixé l’objectif du « zéro crime ».

Le 19 juillet, un rapport parlementaire a souligné l’« urgence » de mettre en place un mécanisme de régulation pénitentiaire.

Malgré cela, il n’y a pas eu d’autres mesures dans cette direction.

Selon les statistiques de l’administration pénitentiaire, les courtes peines en particulier ont explosé au cours des trente dernières années. Le temps passé en détention a également augmenté, passant d’une moyenne de 8,6 mois en 2006 à 11,8 mois en 2020.