Guerre en Ukraine: la Suisse adopte l’ensemble des sanctions de l’UE contre la Russie

La Suisse a approuvé lundi l’ensemble des sanctions économiques de l’Ue de l’Union européenne contre la Russie, choquée par la brutalité de l’assaut de Moscou contre l’Ukraine tout en préservant sa neutralité.

Le gouvernement fédéral « prend cette mesure avec conviction, de manière réfléchie et sans équivoque », a insisté le président de la Confédération suisse, Ignazio Cassis, lors d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion extraordinaire du gouvernement fédéral.

« La neutralité n’est pas l’indifférence », a déclaré M. Cassis dimanche pour préparer le terrain dans ce pays alpin très attaché à sa neutralité. Il a également offert ses services pour trouver un moyen de sortir de la crise.

L’UE, qui n’a pas caché son mécontentement lorsque Berne a semblé stagner la semaine dernière, a salué la décision car sans la Suisse, les mesures auraient été « moins efficaces ».

Le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, y a vu « un signal important de l’étroite coordination de la communauté internationale ».

Ueli Maurer, le ministre suisse des Finances, a souligné que les avoirs des personnalités et entités russes figurant sur la liste noire de l’UE « sont gelés avec effet immédiat ».

Les sanctions financières contre le président russe Vladimir Poutine, le Premier ministre Mikhaïl Michoustine et le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov sont mises en œuvre sans délai, a précisé le Conseil fédéral.

De son côté, la ministre de la Justice, Karin Keller-Sutter, a indiqué que cinq oligarques russes ou ukrainiens « très proches de Vladimir Poutine » et ayant des liens économiques forts avec la Suisse ont été « immédiatement interdits d’entrée en Suisse ».

Les personnes visées, dont la Suisse ne veut pas rendre publics les noms mais qui figurent sur la liste noire européenne, n’ont pas de permis de séjour en Suisse, mais d’importants « liens économiques, notamment dans la finance et le commerce des matières premières », a-t-elle ajouté.

Comme l’UE l’avait fait dimanche, la Suisse a également fermé son espace aérien à tous les vols en provenance de Russie et à tous les mouvements aériens d’avions russes, y compris les avions privés, « à l’exception des vols effectués à des fins humanitaires, médicales ou diplomatiques ».

La pression venait aussi de l’intérieur. La plupart des partis politiques, à l’exception du parti de droite radicale UDC, auquel appartient M. Maurer, ont appelé à un geste plus fort.

Samedi, entre 10 000 et 20 000 personnes, qui ont défilé pour soutenir le peuple ukrainien, ont également réclamé très haut et fort des sanctions plus sévères.

Le Conseil fédéral précise néanmoins que « la Suisse continuera d’examiner individuellement chaque nouveau paquet de sanctions adopté par l’UE ».

Alors que la Russie n’est que le 23ème partenaire commercial de la Suisse, les banques du pays alpin sont parmi les favorites des grandes fortunes pour investir leur argent.

Selon les statistiques de la Banque des règlements internationaux, les engagements des banques suisses envers les clients russes se sont élevés à 23 milliards de dollars (20,5 milliards d’euros) au troisième trimestre 2021, dont 21,4 milliards de dollars (19,1 milliards d’euros) sous forme de dépôts.

Les oligarques russes ont également des intérêts dans de grandes entreprises suisses.

En outre, 80% des échanges pétroliers et gaziers russes se font en Suisse, selon des estimations citées par la presse suisse. Le pays abrite de grandes sociétés de négoce de matières premières telles que Gunvor, Trafigura ou Glencore.

Le ministre de l’Economie Guy Parmelin a reconnu que ces sanctions et la guerre n’étaient pas sans conséquences économiques pour la Suisse.

Ainsi, il a fait valoir que la société de gazoducs Nordstream 2 – sa mise en service est suspendue à titre de mesure de rétorsion contre la Russie -, qui est basée dans le canton de Zoug, a licencié ses 142 employés.

L’entreprise n’a pas immédiatement répondu à une demande de confirmation.