Les tensions entre la Serbie et le Kosovo couvent malgré l’approbation tacite du plan de l’UE par les dirigeants

Le Kosovo a accusé la Serbie de refuser de signer un plan parrainé par l’Union européenne qui normaliserait les relations après des mois de tensions politiques croissantes.

Lundi, le président serbe Aleksandar Vucic et le Premier ministre kosovar Albin Kurti ont donné leur approbation tacite au plan de l’UE visant à mettre fin à des mois de crise politique et à améliorer les relations bilatérales.

L’accord stipule que les deux pays reconnaîtront leurs documents et symboles nationaux respectifs et respecteront leur indépendance, leur autonomie et leur intégrité territoriale, le droit à l’autodétermination, la protection des droits de l’homme et la non-discrimination.

Ils sont convenus d’approfondir la coopération future dans les domaines de l’économie, de la science et de la technologie, des transports et de la connectivité, de la justice et de l’application de la loi, de la santé, du sport, de la protection de l’environnement et des personnes disparues.

Les deux pays veulent rejoindre l’UE, qui leur a dit qu’ils devaient d’abord régler leurs différends. L’accord stipule qu’ils n’entraveront pas les démarches de l’autre pour rejoindre le bloc.

Récemment, des tensions ont éclaté sur des questions apparemment insignifiantes telles que le format des plaques d’immatriculation des véhicules ou l’arrestation d’un policier d’origine serbe.

« D’ici la fin de l’année, nous ne pourrons pas mettre pleinement en œuvre l’accord. Les élections doivent d’abord avoir lieu dans le nord du Kosovo (après la démission des maires serbes). C’est la condition principale pour la formation de l’Association des municipalités serbes. Sans eux, cette association est impossible », a déclaré Fatmir Scheholi, de l’Institut pour l’affirmation des relations interethniques, à Euronews Serbie.

Les dirigeants occidentaux craignent que les tensions ne dégénèrent en un nouveau conflit dans les Balkans, qui éclaterait juste au moment où la guerre de la Russie en Ukraine entre dans sa deuxième année.

L’UE joue un rôle de médiateur dans les négociations entre la Serbie et le Kosovo depuis 2011, mais peu des 33 accords signés ont été mis en œuvre. L’UE et les États-Unis ont fait pression pour que les progrès soient plus rapides depuis que la Russie a lancé son invasion à grande échelle de l’Ukraine l’année dernière.

« L’interprétation libre est autorisée et maintenant, après la publication de l’accord, la question principale est de savoir comment les citoyens du Kosovo et de la Serbie réagiront au texte proposé », a déclaré Jovana Radosavljević de l’ONG basée au Kosovo New Social Initiative.

La Serbie et le Kosovo ont confirmé leur obligation de mettre en œuvre tous les accords de dialogue passés. L’Albanie a qualifié l’accord de « réalisation importante », même s’il n’a pas encore été signé.

Le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, a déclaré que « plus de travail est nécessaire » et que les dirigeants des deux pays se rencontreraient à nouveau le mois prochain.

Ces derniers mois, des émissaires américains et européens se sont rendus régulièrement à Pristina et à Belgrade pour les encourager à accepter les nouvelles propositions, et les deux dirigeants ont rencontré de hauts représentants de l’UE en marge d’une importante conférence sur la sécurité dans la ville allemande de Munich au début du mois.

« Nos attentes sont très élevées vis-à-vis de cet accord et je pense que ce qui est nouveau, ce n’est pas seulement le sérieux des deux gouvernements, mais le sérieux de nos partenaires européens pour que cela se produise dans l’ombre de l’une des plus grandes crises que l’Europe ait connues depuis la 2e Guerre mondiale », a déclaré Gabriel Escobar, haut responsable du département d’Etat américain.

Les tensions couvent entre la Serbie et son ancienne province depuis que le Kosovo s’est séparé unilatéralement en 2008. La déclaration d’indépendance a été reconnue par de nombreux pays occidentaux mais combattue par la Serbie, avec le soutien de la Russie et de la Chine.